Et d’ailleurs, qu’est-ce que s’affranchir ?
Nous chérissons la liberté, moteur de bien des initiatives en ce monde.
Mais où nous mène-t-elle vraiment ?
Autrefois, la liberté se gagnait par un changement de statut : d’esclave on devenait libre de ses mouvements et de ses choix.
De servants, certains devenaient les serviteurs d’une cause choisie. D’autres empruntaient la voie nomade ou se réfugiaient dans une communauté ou une famille.
Être libre c’était avoir assez de ressources pour vivre dignement.
Pour certains, c’était préserver un confort.
Pour une minorité, c’était posséder le monde.
Mais toutes ces libertés n’ont toujours été qu’extérieures
Car qu’importe la tribu, le confort ou la fortune : si le dedans reste cadenassé, aucune chaîne n’est vraiment rompue.
Aujourd’hui, la forme a changé, mais pas le fond.
Plus question de vivre à l’état sauvage : hier il y avait encore une illusion de choix, aujourd’hui toutes les terres habitables sont quadrillées, les forêts ratissées.
Les rares espaces encore vierges sont hostiles au corps humain.
Nous avons fait sauter les limites salvatrices à défaut d’avoir fait sauter les clôtures.Nous vivons désormais dans un système pensé par ceux qui veulent le posséder, mondialisé par une centrale unique.
Et plus qu’hier, la liberté est récupérée par le système : on croit s’affranchir mais on change juste de geôlier.
Partout les visages se figent, tel celui de la mort.
Les teints virent au blafard, marqués par tous les shoots qu’on s’envoie. L’énergie est basse, souvent négative.
On sent, pour certains, que le prochain virage sera tendu, pour peu qu’il y ait un peu de vent ce soir-là.
<span »>Ce besoin compulsif est une fuite
Il met en lumière une peur de se retrouver sans rien. Nu. Face au réel.
Mais on vit complètement hors sol.
Le système se nourrit précisément de nos envies d’affranchissement : contre-culture, transgression des limites, désacralisation de valeurs ancestrales.
Et nous continuons d’appliquer à la lettre des modes de vie qui ne sont plus tenables dans la durée.
Car aujourd’hui le monde est racheté par une poignée d’entre-nous, cela est un fait connu de tous : le capitalisme n’aura plus lieu d’être puisqu’il avait pour vocation d’acheter le monde.
Quelle sera notre fonction demain, à nous, les consommateurs ?
Il y aura de moins en moins de shoots disponibles. Le sevrage a déjà commencé.
La majorité n’aura plus d’utilité sociale. Elle perdra son principal repère identitaire car beaucoup se réduisent à cette fonction.
La plupart ira de transfert en transfert jusqu’à devoir lâcher la dernière bouée.
Et très peu parviendront à maintenir une sécurité intérieure dans le chaos extérieur.
Pour ceux qui n’y parviennent pas, toute notion de civisme disparaîtra face à la nécessité de survivre.
Alors, est-il encore temps ?
Assurément.
J’ai cru me perdre alors que je rejoignais l’heure du basculement collectif. Le désert personnel était aussi un point de renaissance dans ce monde.
Nous sommes arrivés à l’heure prévue à un point de tissage de la grande trame symbolique du monde.
Cette dérive n’est pas seulement visible au-dehors : elle est inscrite dans le ciel.
Les astres les plus lourds ont changé de place, de tonalité, et leur message est sans appel : l’Homme doit transmuter.
Certains d’entre nous y parviendront et beaucoup se perdront totalement à eux-mêmes.
Aujourd’hui l’heure est venue.
L’Homme est sommé d’opérer un retour au dedans pour que la magie reprenne place, car les chaînes au dehors donnent l’illusion de s’être brisées, mais il n’en est rien.
Tant que nous serons enchaînés par nos peur, elles se matérialiseront au dehors sous différentes formes : le dehors n’est que le miroir de ce dedans verrouillé.
Il ne s’agit pas de sortir du système : cela est aujourd’hui impossible.
Il ne s’agit pas non plus de trouver un asile au dehors : il n’y en a plus ou peu.
Rien ne libère au dehors. Le moindre refuge, le moindre confort et — plus grave encore — le moindre besoin vital est conditionné par le système que nous avons construit ensemble.
Beaucoup croient y trouver un équilibre, et quelques-uns cherchent une issue.
Quelle est la seule issue encore possible ?
Celle qu’aucun système n’a encore pu confisquer : l’intériorité.
Un long pèlerinage qui oblige à certains choix conscients :
- S’affranchir de son nom : relativiser l’importance donnée à la lignée.
- Voir les béquilles : nos peurs, nos mécanismes de défense.
- Sortir du conflit : se maintenir dans un espace neutre en ne prenant plus parti.
- Resituer et accepter notre place : pour vivre à l’échelle humaine et ne plus être happé par les illusions d’un monde hors cadre.
- Renoncer au contrôle : accepter l’imprévisible, laisser le vivant circuler.
- Traverser le vide : ne plus chercher à combler par des objets, des relations ou des explications.
- Dissoudre le reflet : cesser de se définir par l’image renvoyée par le miroir ou le regard des autres.
- Réapprendre le silence : écouter ce qui demeure quand plus rien n’est dit ni justifié.
- Se reconnecter à la magie du vivant et à la puissance des éléments : pour réapprendre, en les observant, à vivre ensemble dans le partage.
Chacun de ces axes ouvrira un passage que nous traverserons au fil de cette chronique
Ce chemin ne mène à aucune gloire. Il impose un basculement après une succession de passages plus ou moins étroits. Mais, pendant qu’une majorité s’inquiète encore des présidentielles à venir, certains d’entre nous ont déjà orienté leur attention vers ce qui compte vraiment.
Il parviennent à voir la différence entre une clôture et une limite.
Rester dans les souterrains d’un monde déshumanisé est le pire des cachots :
un lieu obscur d’où surgissent les spectres de tout ce à quoi nous avons renoncé pour de mauvaises raisons.
Personnellement, Je préfère me dépouiller, marcher nue sous un ciel sans nom, guidée seulement par la pulsation du vivant.
A celles et ceux qui tiennent debout malgré tout,
Duddy
***
Si ce texte résonne en vous et que vous souhaitez garder le fil, je vous invite à lire la suite, « s’affranchir de son nom« .
Vous pouvez aussi me rejoindre gratuitement sur la plateforme Substack.
J’y tiens plusieurs chroniques pour dire la vision qui m’habite sous différentes formules pour parler au plus grand nombre.
0 Comments