Je croyais, je crois toujours,
que je régnais en maître.
Tout émane de moi.
Tous les outils propres à mon nom sont à mon service :
le sensible,
le corps,
le mental,
la vision.
Je peux asservir tout ce que je rencontre.
Tout autour m’incite à croire que je suis un tout
séparé de l’ensemble.
Et pourtant …
Je sais où je vais,
sans savoir où ça mène.
Quand j’obtiens ce que je veux,
Je m’en lasse très vite.
Comme si, dans le fond,
rien de l’extérieur ne pouvait me remplir durablement.
Le vide.
La rage et le refus.
La souffrance.
Car je voudrais plier le réel à ma perception.
Je voudrais laisser libre cours à mes pulsions
sans être asservie.
Je voudrais être l’esprit tout-puissant
qui dicte sa vision.
Au lieu de cela,
Je me sens dans un duel à mort entre deux mondes.
Les deux se rencontrent,
mais un seul se fracasse contre l’évidence.
Elle me montre, à coup d’éclats de conscience,
que je peux asservir tout ce que je rencontre,
si je m’asservis en retour.
Que je ne dispose pas des outils propres à mon nom, ma lignée.
Je suis l’outil.
Voici là ma place.
Je suis le cocher du carrosse,
au service d’une Présence
qui ne me côtoie pas,
et qui m’utilise comme moyen,
pour que sa volonté soit faite.
Si je m’en remets pleinement à cette présence,
si j’accepte de m’incliner,
alors je peux marcher seule,
sans aucun point d’équilibre à l’extérieur.
Car dès lors je ne cherche plus un sens à mon existence.
J’accepte la donne.
Je ne défends plus aucun jugement de valeur
quand l’expérience se présente.
Les exigences stériles se dissipent
pour laisser place à une vision que je ne peux saisir.
Je suis une interface,
un point de conscience,
le moyen,
l’accès,
l’outil dont dispose le Vivant,
pour se matérialiser dans sa forme et son essence.
Il n’y a rien que je puisse reprogrammer.
Je fais,
sans questions.
Et je contemple, émerveillée
la magie du Vivant.
J’ai clairement vu cela.
Et pourtant,
j’y crois encore.
Et vous ?
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