Je sens une charge immense en moi,
un lien viscéral qui se coupe net,
tout autant qu’il s’arrache.

J’ai vu mon fils devoir être adulte
avant même d’avoir pu être enfant,
pris dans des schémas sans issue,
des conflits sans retour.

Aujourd’hui,
dans la distance que tu as posée,
j’ouvre mon cœur
pour qu’il s’épanche,
qu’il s’abandonne.

Je n’interviens pas.
Je ne fuis pas.
Je suis là, présente.
Sans jamais lâcher le fil
d’une souffrance qui m’habite encore,
qui m’agit toujours.

Je la traverse
comme le dépouillement d’une ancienne peau.
Je tranche net toute envie de te retenir.
Je fais face à chacun de mes vertiges,
quand l’idée de te perdre
m’expédie, en une fraction de seconde,
au sommet d’un précipice
que je connais déjà.

Ce vide,
je le porte comme la mémoire
d’un passage entre deux mondes,
du non différencié
au tout premier battement.
Le surgissement d’un état
en perpétuel mouvement.

Je sens aussi l’appel d’un lieu ancien,
familier, insaisissable,
comme le pourquoi
d’un tel parcours.

À cet instant, je ne suis plus dans un sentiment d’être.
Je le vis,
sans qu’aucune résistance ne vienne défier
ce qui a toujours été là.

La nostalgie d’un état proche de la fusion,
avant la forme et le « je ».
Un lieu de vibration pure,
où rien ne manque,
car rien n’est séparé.

Car quand je me confronte au manque de l’autre,
c’est une part de moi qui vibre encore de nostalgie,
pour l’état originel.
Celui qui précède la scission.
Celui où il n’y a que vibration.

Categories: Passages

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