Un jour,
si je ne m’accomplis pas,
je le sais,
c’est elle qui régnera.
Sa vision,
celle du monde,
un simple reflet :
celui de son abjection.
Contrainte de vivre dans un lieu
dépourvu de magie,
je deviendrai totalement étrangère
à l’alchimie d’une vie intérieure féconde.
Mon visage,
creusé par les sillons de l’insatisfaction,
marqué au fer rouge par l’appel du pouvoir,
perdra sa singularité
dans le vaste monde de l’uniformité.
Une laideur terrifiante,
dans sa particularité
de ne pouvoir ressusciter.
Le monde intérieur,
un bouillonnement infernal
me renverra sans relâche
à une incomplétude insurmontable.
Défiant toute sagesse,
tout renoncement à l’image figée
tant convoitée.
Et l’autre,
maudit par le pouvoir d’un seul regard,
furtif,
cinglant,
dans le reflet du miroir.
Je le plains.
Je plains cet autre
d’avoir à se confronter à la vue d’une telle femme.
Peut-être qu’un jour
c’est elle qui régnera.
Et moi,
je n’aurai d’autre refuge
qu’une part déconnectée.
Un point de lumière infinitésimal
qui s’étriquera jusqu’à l’anéantissement total.
Je le sais.
Et je le redoute,
autant que sa présence ce soir.
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