Un jour ou l’autre,
nous tombons à genoux devant eux.
Pas besoin d’avoir lu Platon
ou fait le tour du monde.
Il suffit d’un orage,
d’un incendie,
d’un tremblement de terre.
Car les quatre éléments n’ont pas besoin de mots.
ils frappent,
transforment,
enseignent sans discours.
Et soudain, nous savons
que nous sommes mortels.
Mais peut-être suis-je bien optimiste.
Peut-être que beaucoup passent à côté,
trop pressés pour sentir l’Air, l’Eau,
la Terre ou le Feu vibrer sous leurs pieds.
Moi, je vois d’abord le bois, la Terre vivante.
Un arbre que l’Homme abat,
sculpte, transforme.
Un abri, un carrosse, une barque,
une montgolfière.
Avec un simple tronc,
il apprivoise l’Eau, l’Air, le Feu.
Et petit à petit,
il racle jusqu’à la moelle,
jusqu’aux racines.
Il élabore, toujours plus,
occultant peu à peu le vivant.
Puis vient le Feu.
La lave brute, la forge rouge,
l’étincelle du magicien.
Le Feu dévore, transforme, purifie.
Il initie.
À son contact,
l’Homme devient forgeron.
Mais le chemin est long.
Sommes-nous affranchis des pulsations de la Terre,
une fois habités par la fulgurance
de son souffle ?
Je vois un long processus de diffusion du vivant
jusqu’à sa quintessence,
la magie du monde manifesté.
Une lumière dont on s’éloigne
à mesure que l’on cherche à s’approcher.
Pourquoi vouloir s’en approcher ?
Peut-on enchaîner un souffle ?
Enfermer une vibration dans une cage ?
Observez dans quel ordre j’ai cité les quatre éléments :
L’Eau, le Feu, l’Air, la Terre.
Un glissement étrange.
l’Eau éteint le Feu,
rejoint l’Air,
féconde la Terre.
Le Feu, la Terre, l’Eau et l’Air .
Aucun élément ne s’annule.
C’est la formule du chaudron magique :
le Feu chauffe l’argile
pour que ses eaux évaporent
dans les Airs leurs formules.
Dans l’ordre que j’ai énoncé,
l’Eau, en s’évaporant pour faire disparaître le Feu,
s’allie à l’Air pour nourrir la Terre.
Autre combinaison :
Le Feu, l’Air, la Terre, l’Eau.
La pensée s’embrase ou bien, inspirée,
elle s’ouvre à l’esprit.
Cette puissante combinaison
rencontre la Terre, le corps, la matière.
Elle la fertilise pour faire jaillir en elle l’Eau,
le principe de vie.
Les quatre éléments
ne sont pas qu’un ancien langage symbolique.
ils sont un axe
autour duquel toute vie s’organise.
Quatre géants que nous passons notre vie
à vouloir capturer, dompter, contenir.
Et pourtant.
Un jour, tôt ou tard,
l’Eau nous submerge,
le Feu nous brûle,
l’Air nous manque,
la Terre nous avale.
Ce jour-là, on se souvient,
puis on oublie, encore.
Et c’est peut-être pour cela
qu’on les appelle les quatre éléments :
parce qu’ils sont indivisibles,
indomptables,
et qu’ils nous ramènent toujours à l’essentiel.
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