Ce que nous lui infligeons s’apparente à une torture,
que l’on ne veut pas nommer.

Aujourd’hui, on montre du doigt la maltraitance
de l’élevage intensif, compulsif.
On dit parfois, à demi-mots souvent,
ce que subit notre corps.
Mais il s’agit rarement de dire qui le maltraite.

Le système ? Peut-être.
Oui et non.
Le système met à disposition, il expose, il vend.
Mais il ne force pas, il laisse à portée de main.
Disons simplement que nous nous donnons l’embarras du choix.

Il y a à l’entrée de certains dojo, un bar.
un choix donné entre la connexion au corps, la méditation,
et l’oubli à soi-même, l’ivresse.
On choisit de sentir son corps ou de l’anesthésier.

On lui laisse le poids de nos mémoires non intégrées,
de nos compensations,
de nos compulsions,
de nos espoirs déchus.

On le pense inusable,
car il ne peut pas en être autrement.

Alors parfois, on lui offre des soins, oui.
Mais rarement on consent à le servir vraiment,
à reconnaître que, bien souvent, il sait avant nous.

Il y a peu, une voix s’est élevée,
pour montrer l’impensable :
le corps malade de tout un collectif.
D’aucuns ont vu,
mais personne ne s’en est vraiment saisi.

Le culte de Mère-Nature s’est lui aussi affirmé.
Mais toujours séparé du corps.

Car comment repenser un système
basé sur la toute-puissance d’un sentiment d’existence,
face à l’immensité du réel ?
Et comment ployer le genou face à un corps
que l’on sait être traître ?

Categories: Passages

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