Ce Passage est plus long. Il ne pouvait pas en être autrement.
Il traverse la maladie comme une initiation.
Basedow, ici, devient langage.
***
Un passage étroit Basedow,
un passage parmi tant d’autres.
Avant que le feu monte, il y a eu la tension de fond,
les pensées qui fusent,
des chuchotements avant sommation.
Je répondais, sans prendre le temps d’écouter,
que ça passerait, croyant toujours régner en maître.
Et c’est moi qui suis passée à côté.
Basedow ce n’est pas une dégénérescence, un cancer.
C’est une dérégulation.
Ce n’est pas cellulaire, c’est systémique.
A un niveau donc très archaïque,
le système immunitaire réagit.
Ce n’est pas une destruction,
c’est une mutinerie qui s’élève depuis les fondations.
C’est un mouvement du corps,
pour que le mental accède à la réalité crue de l’évidence.
Le corps active et déploie ce système,
pour désarmer ma force d’ancrage
et retrouver le mouvement.
Il me délie de mes fixations en me retranchant à mes dernières limites,
en brisant certaines images de moi.
Solide, décidée, engagée, rapide, lucide.
Basedow est venu comme un vent qui balaie les statues.
Il vide ce que je croyais être,
pour que je vois ce qu’il reste.
Plus je résiste, plus je m’inflamme.
Plus je m’épuise.
Arrivée à ce carrefour,
soit, je sombre,
soit, je coupe les racines,
soit, je les arrache pour retrouver ma souveraineté.
Je préserve l’essentiel,
je m’extrais du toxique pour que le corps n’ait pas à le chercher.
Car ce toxique n’est pas une bactérie ou un virus,
Le corps ne peut que le sentir sans jamais pouvoir le situer,
et me demande implicitement de questionner cette présence.
D’où vient ce toxique ?
En échange de quoi acceptais-je sa présence ?
Vais-je l’assimiler, le faire mien ?
Vais-je le stocker dans un lieu vierge de toute attention ?
Ou pourrais-je toujours l’évacuer ou même le sublimer ?
Tout comme l’intensité, une intoxication finit très souvent
par atteindre le seuil critique.
Alors vais-je enfin pouvoir dire que ces seuils,
mes frontières, ne sont pas respectées ?
Et d’ailleurs, ma gorge a-t-elle clairement pu signifier ces limites ?
S’est-elle seulement autorisée à le faire ?
Et pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ?
Autant de questions à dérouler
pour recouvrer un jour l’équilibre.
Aujourd’hui, nous sommes rarement autorisés
à vivre cet exil temporaire.
Nous nous heurtons à un autre système, collectif, celui-ci.
Aujourd’hui, la lame du scalpel opère un avortement pur et simple
du processus de guérison en cours.
Et comme un gynécologue le ferait,
on nous accorde un temps de réflexion très souvent orienté
par des formules simples :
« Je vous conseille de ne pas la garder ».
Car pour celles et ceux qui seraient allés sans succès au bout
du seul processus de soin prodigué par la science,
18 mois d’un protocole médicamenteux qui lui aussi vous intoxique.
Il leur est signifié que malheureusement, à ce stade,
les chances de guérison s’élèvent à 5 %.
Pourquoi cette implacable fatalité ?
Parce que les soins ont obstrué les émonctoires,
les portes de sorties.
Le foie, notamment, en lien direct avec le fonctionnement thyroïdien.
Nous entrons alors dans un autre processus,
une deuxième phase avant l’étouffement du vivant.
À toutes celles et ceux qui entendent cette sentence, je dirais :
ce n’est pas la thyroïde qu’il faut à tout prix chercher à soigner.
Ce n’est pas elle qui réclame une attention particulière.
Elle est déréglée par un système immunitaire
lui-même fortement influencé par le système nerveux.
Alors si votre système nerveux réagit avec autant de virulence,
pourquoi ne pas questionner ce qui l’insupporte à ce point ?
Pourquoi ne pas ouvrir le dialogue ?
Aujourd’hui je ne plus combats plus Basedow,
je cesse de fuir pour écouter mon corps.
Je cesse d’imposer ma volonté tranchante
et lui remet sa souveraineté,
car lui seul connait la voie de l’équilibre.
Aujourd’hui, c’est ce je fais,
mais je résiste encore.
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