Le manque de lumière
sur ce qui a forgé les premières années d’une vie.
Un corps qui se souvient,
qui réagit encore aux premières lueurs de l’aube,
jusqu’à dix heures passées, face au soleil.
Un corps qui n’a pas su nommer l’expérience,
et qui la rejette encore de manière compulsive,
parfois même convulsive.
J’ai vu mes parents se déchirer
pour une histoire de pouvoir.
Je me souviens de cette période
où l’un des deux avait baissé les armes,
pendant que l’autre s’assurait
de ne jamais plus perdre la face.
Je ne me souviens pas vraiment d’avant,
du cœur du duel.
Je me souviens avoir dû prendre parti.
Je me souviens aussi
d’une ambiance chaleureuse mais fragile,
et d’un imprévisible chaos.
Je me souviens clairement avoir été aimée.
Mais combien d’entre nous peuvent dire
qu’ils ont été aimés comme ils l’attendaient ?
J’ai été aimée, oui,
mais sans être entendue ni vue.
J’ai été aimée par des parents jeunes,
écorchés, insécurisés.
Je crois qu’ils ont été braves
au moins autant que je le suis.
Mais dans leur chaos,
leur combat aussi,
j’ai vu combien ils étaient coupés du monde,
étrangers à tout,
enfermés dans leur cauchemar.
Contrairement à eux,
j’ai frappé aux portes.
J’ai préféré disparaître à moi-même
plutôt que rester figée dans leur combat.
Mais je vois l’aliénation tout autour,
pas seulement dans ma famille,
partout.
Et je préfère sauter,
je préfère mourir à moi-même,
plutôt que rester dans ce manque de vibration.
On s’aliène,
quand l’énergie ne trouve pas d’issue au conflit.
On s’aliène,
quand on renonce à affirmer sa voix,
pour ne pas manquer,
pour ne pas être en dehors.
On s’aliène aussi,
quand on fait preuve de bravoure dans un conflit,
sans jamais oser s’approcher des issues.
Je viens d’une lignée chargée d’abandon,
de rejet, de non-dit,
de déviance, de honte,
de toute-puissance aussi.
Où la parole sensible est tue.
Il me semble que la plupart des lignées le sont aussi.
Pas vous ?
Des charges qui deviennent très toxiques
si elles ne sont pas sublimées ou déposées.
Alors pourquoi ne pas rompre avec ces chaînes ?
Pourquoi ne pas chercher un ailleurs plus authentique ?
Qu’avons-nous à perdre,
sinon cette vie qui ne vibre pas ?
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