J’ai vu son regard vaciller un soir.
le feu est descendu dans le brasier,
après qu’il se soit senti assiégé.
J’ai vu la résistance,
puis l’épuisement,
ce moment fragile qui précède l’étincelle.

Ce n’était pas la peur du monde qui le faisait trembler.
C’était la peur de vivre hors du contrôle,
la peur d’être vu dans cet état.

Je n’étais ni la gardienne, ni la guérisseuse,
juste un corps qui avait déjà ployé,
et qui savait ce que c’était de ne plus savoir tenir debout.

Quand mes certitudes sont tombées,
comme un jeu de cartes.
J’ai encore la mémoire du basculement.
J’avais passé 15 ans à les élaborer,
à les placer dans une structure devenue implacable,
qu’on ne pouvait ébranler.
J’en étais tellement fière.

J’étais en première loge.
Dans un rapport de force avec l’autre,
pour éprouver la puissance, la résistance,
la fiabilité de cette structure.

Et plus l’autre s’échouait contre ses parois,
plus elle se renforçait, toujours.

J’ai la mémoire que cette structure s’est construite
dans une longue fraction de temps.
Je me souviens aussi que sa dissolution,
son basculement, s’est fait dans une infime fraction de temps.

Ce bel édifice tombait sans que je ne puisse rien n’y faire.
Pendant une autre fraction de temps,
je me suis sentie nue, vulnérable.

J’ai cru que je ne savais plus rien.

Alors j’ai sauté,
Pour être en immersion dans l’océan.
Certains le font avec leur corps physique.
Ils plongent avec de quoi pallier aux limites de ce corps dans l’immersif.
Un jour peut-être iront-ils avec un autre corps,
celui qui ne connait pas de limites concrètes.

Voici là un des passages que tous nous devons prendre.
Le principal centre de résistance.

Quant à toi, l’initié, tu dors à présent d’un sommeil profond.
Une autre manière de lâcher prise,
pour se relever ou simplement pour fuir.

Categories: Passages

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