J’étais celle qui descendait à ta place.
Je me faisais comme un devoir de ramener à la surface
ce que tu ne voulais pas voir.

Je déterrais tes souvenirs, j’explorais tes silences,
je prêtais ma lumière à ta nuit.
Je voulais t’éveiller au mystère du dedans.

Je l’ai fait avec tous ceux que j’ai croisés,
comme un impératif pour eux,
comme une nécessité pour moi.

La nécessité d’être reconnue comme étant capable, assurément.
Une revanche aussi, quand certains ont réduit mon intelligence à néant.

Et, à un autre niveau, je vois une volonté farouche.
Celle de rencontrer la vérité de l’autre
pour ne pas me confronter à son ombre.

J’y vois une nécessité,
car mon refuge intérieur
est hanté par tout ce que je ne vois pas.

Parce que je cherche des échos.
Parce que le filtre qui me sépare du monde extérieur est trop fin.
J’ai vécu ma spontanéité comme une rivière en crue.

J’y vois une nécessité,
car jeune, j’ai vu que tous,
nous étions agis par ce que nous refusons de voir.

J’ai vu la conscience de l’autre,
la mienne aussi,
tellement étriquée, limitée face à l’immensité du réel.

Impossible de m’y sentir en pleine lumière.
Je me suis mise en quête de vérité,
d’authenticité,
pour trouver un jour une sécurité,
un sentiment stable.

Aujourd’hui, à mesure que j’habite mon passé,
je lâche prise avec vous.
Je me méfie, toujours,
mais je me sens moins vulnérable face à vos intentions cachées.

Je peux à présent descendre pour moi.
S’il y a un partage,
il ne sera plus forcé.

D’où l’écriture de ces passages.
Pour que celles et ceux qui les voient
le fassent en toute autorité.

Categories: Passages

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