J’ai longtemps observé la fonction,
partout autour de moi.
Je la voyais comme une instrumentalisation,
non comme un langage,
un passage.

J’y voyais le risque de n’être moi aussi qu’une fonction,
et de perdre dans ce constat,
ma légitimité à être tout à la fois.
Je ne pouvais faire du dehors un dedans,
sans dissoudre ce sentiment qui m’habitait depuis toujours.

Je me voyais comme étant l’origine,
tout en cherchant sa source.
Je voyais mon corps de chair comme une fonction,
à mon service.
Et le dehors comme le vecteur,
le véhicule,
au service de la fonction.

Je n’avais pas vu alors que je survivais,
dans un ordre chaotique,
où le simple fait d’être l’intention,
l’élan créateur,
me déconnectait de facto de l’origine.

Je confondais l’intention avec l’impulsion,
et même parfois la pulsion,
celle née du manque,
du réflexe de survie.

Je ne voyais pas qu’en refusant d’être
au service du grand tout,
j’étais finalement au service de ce qui me séparait de tout.
Je me voyais goutte d’eau,
ne faisant pas partie de l’océan.

L’écriture m’a montré la voie,
une voix parmi tant d’autres.
Je me suis reconnue dans ce canal,
cette interface.
J’ai senti une présence au dedans.
J’ai senti que je n’étais pas seule.

Mais que d’épreuves pour accepter de m’ouvrir.
Que de passages,
pour finalement devenir le passage.

Categories: Passages

0 Comments

Laisser un commentaire

Avatar placeholder